[ FlashBack] Une nuit de Flammes et de Lumière [ Gabriel ]

Le calme plat. Le soleil s'était couché depuis quelques heures maintenant, ne laissant que Leo sur le pont, dans le noir le plus total. Ne restait que le son des vagues et du vent, un reflet d'argent sur les flots une fois de temps en temps, lorsque la lune parvenait à percer les nuages. Pas même une étoile dans le firmament, la lueur immaculé de la lune peinait quant à elle à se dessiner, juste assez présente pour en distinguer une demie. Un calme bienvenu, certes, pourtant lourd, laissant notre héros porter le poids de toute une solitude. Même Myosh' semblait ronfler moins fort cette nuit là, ce tant en bien qu'en mal. Ne lui restait que l'odeur du sel et de l'humidité, et ses seuls souvenirs pour compagnie...

Une nouvelle nuit en mer, alors que Leo s'était à nouveau vu désigné d'office pour servir de vigie. Le Lieutenant-Colonel en charge du navire semblait l'avoir dans le nez depuis quelques mois déjà, depuis que le jeune homme avait eu l'audace de lui rappeler que la marine n'avait jamais eu pour habitude d'incendier et piller les villages. Ni une ni deux, il fut mit au fer pour insubordination, puis expédié en haut du mât, là où il serait difficile pour les autres recrues de venir l'aider. Pieds et poings liés, avec pour seuls ordres ceux de servir de vigie et de ne manger qu'un repas par jour. Encore que sur le dernier ordre, le Lieutenant-Colonel «Smurgess» s'était fait une joie d'oublier ledit repas un jour sur deux. Affamé et fatigué comme jamais, le «Sergent Hainefuss» n'en tenait pas moins bon.

Sa première nuit s'était voulue douloureuse. Smurgess et son équipage de barbares avaient prit en chasse un fuyard jusque un petite îlot relativement paisible. Ses habitants restaient connus sur SouthBlue pour leurs feux d'artifices, plus particulièrement ceux changeant tant de formes que de couleurs après détonation. Une île de spectacles, en somme, où toute forme de commerce se voulait liée à la poudre. Smurgess, dans son idiotie la plus totale, avait décrété que tout commerce de poudre ne pouvait être fait sans l'aval du gouvernent, papier officiel que les habitants avaient pourtant leur possession depuis plus d'une génération. Le capitaine voyait les choses autrement, pour lui, une loi si vieille ne pouvait qu'avoir été changée plus d'une fois depuis lors. C'est avec les dents plantées dans sa lèvre inférieure que le sergent suivait l'avancée de la marine vers le port sur de petits bateaux à rames. Ils n'en restaient pas moins voyants, scintillants de mille feux par la seule force des torches, que Leo soupçonnait d'être les départs d'incendies à prévoir tantôt.

Il ne s'était aucunement trompé sur le déroulement de l'attaque. Une fois le pied posé à terre, c'est sans un mot que Smurgess empalait le premier villageois, aidé d'une épée monstrueusement grande. La pauvre victime s'affalant sur le sol, un trou béant entre l'estomac et la poitrine, laissant sa dernière flamme de vie s'éteindre dans une gerbe de sang. Il n'en fut autrement pour les prochains, le tout sous couvert d'une action relativement discrète, ou en tous cas dépourvue de tout cri. Leo n'en pouvait plus. Il avait passé les dernières minutes à marteler le bois du navire avec les chaînes attachées à ses bras et jambes, mais rien. Le navire principal se voulait bien trop éloigné de l'îlot pour alerter autre chose que les fantômes du navire. A genoux, presque plongé dans le désespoir, il n'avait plus même ses yeux pour pleurer, trop absorbés par le spectacle des flammes qui commençaient déjà à se lever sur les premiers bâtiments. La nuit se voulait longue au possible, et il n'aurait pas l'ombre d'une chance pour stopper cette folie.