T'es trop dark.[Gab']

— C'est le mec dont je vous parlais. Il veut faire exploser cette ville !
— C'est une honte pour la marine soldat ! UNE HONTE ! Allez chercher vos camarades !
— Oui, sergent !

Ouais... C'était souvent ça l'problème de Jaqen, notre bonhomme ne savait jamais à qui il s'attaquait, à vrai-dire, j'pense qu'il s'en foutait simplement. Même si un dieu s'trouvait en face de lui, il lui collerait une belle droite et lui tournerait l'talon tout en riant âprement.

Quelques minutes auparavant.

Je vous explique. Jaqen était un drôle de navigateur, il laissait sa barque entre les mains de la mer et là où elle avait décidé de l'emmener il irait. Le pauvre s’était carrément endormit dans sa barque et le courant avait déjà décidé de sa future destination.
Son sommeil n’était pas assez profond pour esquiver la dureté du réveil. La raison ? Sa barque avait percuté un navire à proximité d’une île. Notre héros n’avait aucune idée de quelle île il s’agissait, il n’avait même pas c’genre de préocupation en tête. Il bondit d’sa place avant d’gueuler comme il sait bien l’faire.

— QUEL EST L’ENFOIRÉ QUI M’A REVEILLÉ ?!... BATEAU DE MERDE !

C’est ainsi que Jaqen, déterminé et un poil contrarié, ramena sa barque au port. Son plan ? Il s’était mis en tête qu’il trouverait des explosifs et ferait péter le bateau qui avait fait le malheur d’se trouver sur son chemin.

— J’vais tout faire péter bande de connards ! Non, mais m’réveiller pendant que j’dors… J’vais t’en foutre du réveil moi…

Il marmonnait dans son gros pull, capuche sur la tête. Ses pupilles rougeâtres scrutant les horizons à la recherche des fameux explosifs. Les nerfs à vifs il fallait qu’il jette son dévolu sur quelqu’un. Signe du destin, il posa sa main sur l’épaule d’une mousse de la marine innocente.

— TOI ! M’FAUT DES EXPLOSIFS !
— Qu.. Quoi ?! Oh ! Tu m’prends pour qu..

Bim ! Un coup d’poing en plein visage, voilà sa récompense. Jaqen avait constaté d’puis qu’il s’était retourné qu’il n’allait pas répondre favorablement à la question d’notre homme. Il laissait l’homme parterre, le nez cassé et pleurant dans son sang. Un autre ? Vite !  Il y avait ce type à l’allure plutôt cool et le visage cicatrisé. Après autant d’année en tant que pirate, Jaqen savait quand il y avait un pirate autour de lui. Il avait tout de suite oublié ses problèmes de réveils et s’dirigea vers le flibustier tout en ajustant une clope dans à sa bouche.

— Hey ! J’peux être ton second ? T'es trop dark !

Une dizaine de marine armés d’épées approchaient en direction des deux hommes.  Avant de prendre position à une dizaine de mètres d’eux. Le destin messieurs. Le destin ![/color]

— Non.

Laconique comme réponse, mais ça avait le mérite d’être clair.  On pouvait dire que l’intrus ne connaissait pas la notion de bonnes convenances, et si Gabriel ne maitrisait que les grandes lignes de la politesse, il savait néanmoins qu’on n’abordait pas un étranger avec une pareille question.  D’autant plus qu’il l’avait vu faire son numéro, qui avait eu bien du succès si on se fiait à la vague de Marines qui convergeaient en leur direction.  La panique avait raison de devenir l’émotion maitresse dans ce cafouillis, mais curieusement, ni le jeune pirate ni le Capitaine ne trouvaient justifiés de laisser libre cours à l’effarement.  Pour ce qui en est de Gabriel, la raison était simple; il venait d’ingurgiter une quantité de sa drogue, et il reposait littéralement sur un nuage.

Et il était bien facile de s’en rendre compte.  Ses pupilles avaient beau être de teinte naturellement vermillon, il n’en demeurait pas moins qu’un rouge anormal se déployait autour de l’iris, sans compter que ses paupières étaient plus lourdes que de coutume.  Peut-être avait-il exagéré la dose cette fois-ci, mais chose sûre, l’effet n’avait pas tardé à apparaître; il se sentait bouger au ralenti.  Le jeune imbécile n’avait pas choisi le bon moment pour rameuter autant de Marines dans le coin.  La motricité de l’homme au visage couturé en avait probablement pris un coup.  Si on attendait de lui qu’il vienne apporter un peu d’aide, il s’était fourré toute la main dans le nez.  Tout ce qu’il avait à faire, en fait, c’était de s’éloigner sans plus de façon et de le laisser se démerder seul.  Le plan semblait bon, et il s’apprêtait justement à l’exécuter lorsque son esprit, plus lent que de coutume, aboutit enfin à un raisonnement pas trop con.

Si l’idiot qui se présentait d’une pitoyable manière avait réussi à deviner qu’il était Capitaine d’un navire, les Marines ne devraient pas tarder non plus à venir à pareille conclusion, sans compter qu’il y avait de fortes chances qu’ils associent la tête de clown avec lui, ce qui viendrait davantage envenimer les choses.  Il y avait l’option de clarifier les choses en leur disant qu’ils ne faisaient pas équipe, mais négocier avec la Marine revenait à parlementer avec des chèvres. C’est sur cette réflexion brillante que Gabriel abandonna le poste d’observation sur lequel il profitait du bon air pour se dresser face aux Marines.  L’équilibre était précaire, mais au nombre de fois qu’il s’était battu dans ces circonstances atypiques, il ne devrait pas trop se faire mal.  Après, à savoir si son partenaire de poings allait s’en sortir indemne, il ne pouvait rien garantir.  

— Si j’avais su, je serais pas venu.

Il n’avait pas coutume de mettre le pied sur terre.  Cette fois était l’une des rares.  Il avait eu un besoin urgent de s’acheter de l’alcool, et il avait même décidé de profiter de la vue pour se mettre sur son séant et déguster son achat avant de reprendre la mer.  La bouteille qui trainait non loin venait certifier qu’il était bien réchauffé.  Les Marines se déployaient déjà autour des forbans afin de réduire tous risques de fuite.  Gabriel avait imité la tête de nœud en allumant tranquillement une bonne cigarette.  Le calme olympien qu’il démontrait malgré la situation était dû à toutes les substances nocives qu’il avait ingérées.  Son corps tanguait légèrement, comme s’il avait été sur la mer, mais il savait que cet effet s’estomperait dès que les prémices de cet affrontement seront déclenchées.  Pour se dérouiller, il décida de ne pas attendre les froussards.  Il allait ouvrir le bal lui-même.

Le toxicomane avait une méthode bien à lui pour déclencher les hostilités.  Sans avertir le pirate qui se tenait à son flanc, il l’agrippa par le col pour le projeter en direction de plusieurs Marines.  Bien sûr, ça eut l’effet escompté : l’armée était déstabilisée, d’autant plus qu’ils s’étaient mis en tête qu’ils faisaient partie du même équipage.  Non.  Gabriel avait toujours fait cavalier seul depuis qu’il avait quitté son domicile.  Ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait changer quoi que ce soit à ses méthodes. En lançant de la sorte le jeunot, voilà que ça ne faisait aucun pli : ils ne formaient pas un duo.  Ils ne se connaissaient même pas.  Et c’est cette absence totale de relation entre eux deux qui l’empêcha de s’inquiéter pour la peau de cet idiot.  

Les voilà qui se rameutaient en légion.  La plupart foncèrent sur Gabriel sans même évaluer son potentiel : c’était une grave erreur de leur part.  Ils s’en rendirent vite compte lorsqu’il asséna plusieurs coups de poing en direction de leurs visages, les envoyant paître un peu plus loin sur le rivage.  En dépit de la facilité qu’il avait à rosser ses adversaires et du plaisir que tout cela générait, il n’était pas en état pour faire face à toute une armée, et n’en avait probablement pas le potentiel de toute évidence.  Il ne s’attarda donc pas plus que cela sur les lieux, abandonnant le jeunot sans même vérifier qu’il allait s’en sortir.  Clope coincée entre ses lèvres, il se creusa un passage à l’aide de ses poings dont il diamantait les jointures seulement, afin que sa capacité demeure discrète, jusqu’à atteindre son navire : une banale caravelle qu’il avait réussi à se procurer il n’y avait pas longtemps.

Il s’éloignait lentement sur la mer, peinard de s’en être aussi bien sorti.  Une bouteille de rhum à la main, il la leva en mémoire du sacrifié, sans même jeter un coup d’œil sur le rivage afin de s’assurer que les Marines l’avaient choppé.  Il ne savait pas, au final, ce qui était advenu de lui. Tant pis pour sa gueule! 

Non ?! Il était vraiment à l'ouest le bonhomme ! Jaqen faisait déjà dans l'original avec une entrée en fanfare et une demande des plus originales, capables de séduire une. Non, deux sirènes ! Et l'capitaine en carton avait eu comme seul réponse un « non » stupide et formel. De toute évidence, notre homme aurait pu lui mettre un coup d'poing en pleine tête afin qu'il retrouve les esprits, mais au contraire, il trouvait cette situation plutôt marrante. Dans tous les cas, il fallait batailler pour rejoindre un équipage et puis Jaqen n'était pas l'top du top concernant les formules et usages de politesse. Pirate depuis son plus jeune âge à part un résidu d'honneur, il n'avait rien à offrir.
Une chose était sûr et Jaqen l'avait remarqué c'est que l'capitaine semblait autre part. Dans les nuages ? Sans doute. Il semblait ailleurs, au ralenti et de surcroît, il affichait une nonchalance déconcertante. Pauvre capitaine.. Jaqen savait pas trop quoi répondre à un non aussi catégorique, en temps normal, il l'aurait massacré avec son fameux coup spécial et aurait repris son chemin à la recherche d'un capitaine un poil plus cool et aventurier.

Le futur compagnon de Jaqen avait quand même eu une bonne idée, s'allumer une cigarette. On s'retrouvait avec deux hommes l'un à côté de l'autre, les deux entrains de fumer une cigarette en toute sérénité alors qu'ils étaient entourés de marine armés d'épées et dont le chef, un simple sergent, avait un fusil.
Le dernier des Orihara s'apprêtait à l'faire, son fameux coup spécial, mais l'capitaine avait capté la situation pour réagir en conséquence.
À sa façon.
Il avait soulevé Jaqen tout d'un coup, avec une facilité plutôt impressionnante avant de le balancer telle une vielle merde droit devant lui, sur quelques marines qui avaient bloqués le chemin. Car oui entre-temps, le petit groupe de mousse sous l'ordre d'un mec aussi merdique qu'eux avaient eu la bonne ou mauvaise idée d'se déployer autour d'eux. Pourquoi pas.
Le résultat aurait pu être catastrophique pour Jaqen comme pour les marines, mais un sourire mesquin apparaissait sur le faciès de notre homme pendant son envol. Il allait finalement pouvoir utiliser une variante.  Il percuta deux marines de pleins fouets avec ses pieds, envoyant les malheureux quelques mètres plus loin. Un événement entraînant un autre, Gabriel en avait profité pour prendre la fuite tandis que la marine en avait profité pour s'attaquer à Jaqen de front. Mauvaise idée.
Il bondit sur lui-même, il devait fuir aussi, il n'allait pas rester sur cette île quand même. Un coup d'épée sur sa gauche, Jaqen fit un pas de retrait tout en donnant un coup d'pied en pleine tête de son assaillant. Gabriel commençait vraiment à prendre le large et Jaqen risquait de se retrouver avec un capitaine de seconde catégorie s’il ne partait pas avec celui-là. Il se précipita près d'une taverne et se mit à balancer les quelques chaises et bancs qui se trouvaient à proximité. La distance était faible entre lui et les marines, mais fuir restait la meilleure solution. En tout cas pour Jaqen, il ne fuyait pas. Il courrait juste rattraper son capitaine ! Il avait décidé qu'il le serait alors il le serait ! Dans sa fuite, il rigolait.
Au diable la marine !

— Krrrhehehehehe ! Souvenez-vous d'mon nom bande de cons ! Orihara Jaqen ! Krrhehehehehe !

Même pas une once de panique, cette scène semblait être une routine tout à fait normal pour notre homme. Il était toujours poursuivit, mais n'était plus loin du port et Gabriel avait déjà fait le nécessaire pour s'en aller. Tandis que sa caravelle commençait à quitter l'port, Jaqen bondit sur l'navire, réussissant par la même occasion a laisser les mousses à terre. Une première victoire.

— Krrrhehehe ! Yo cap'taine ! Orihara Jaqen, navigateur ! Si tu partages ta boisson et m'prive pas de ma liberté j'ferais de toi le seigneur des pirates ! Par contre j'te préviens ! Les femmes aux gros seins sont pour moi ! Au fait, t'es vraiment capitaine pirate ?

Quant à sa clope, elle était cassée dans tous les sens. Il la cracha dans l'eau et s'ajusta une nouvelle à la bouche. La caravelle, poussé par le vent prenait de la vitesse et il n'y avait pas plus jouissif pour notre héros que les douces brises du vent de la mer.

Le bon air de la mer ne pouvait pas être mieux accueilli que dans l’instant présent.  Les bourrasques étaient nombreuses et ô combien bienfaisantes pour l’esprit entravé par un amalgame de produits nocifs.  Ce n’était pas le remède pour annihiler complètement les effets — et il va sans dire que ce n’était pas le but recherché, mais les courants couplés à la houle de la mer avaient tout de même le mérite de lui redonner un peu d’aplomb, suffisamment au moins pour qu’il révise les derniers événements.  Venait-il de mettre à mort un malheureux bougre?  Carrément gelé ou pas, ça lui était égal.  Personne n’avait dit que la vie de pirates était facile.  Que son âme repose en paix.  Gabriel leva derechef sa boisson à la santé de ce sale imbécile, avant d’en prendre une lampée amère qui eut l’effet d’une claque sur la gueule.  Mais à peine que le chaud liquide trempait son gosier qu’il entendit une désagréable voix, le forçant à recracher ce qui ne put être ingurgité.

« Merde »  Un simple juron non pas pour accueillir cette désobligeante nouvelle, mais seulement parce qu’il venait de tremper un pan de la veste qu’il affectionnait tant.  Après l’avoir frotté dans l’espoir vain d’atténuer les dégâts, il déposa la boisson sur la rambarde malgré le danger qu’elle tombe à l’eau, et se retourna pour faire face au voyageur clandestin.  La question ne se trouvait pas à être le « pourquoi », car ce dernier venait de lui déballer la réponse dans un naturel sidérant, mais plutôt le « comment ».  Trop médusé d’avoir en vis-à-vis un homme qu’il avait laissé pour mort, il fut dans l’incapacité de lui faire part de sa consternation.  C’est par déduction néanmoins qu’il dut soupçonner chez cet idiot une capacité surprenante à fuir, ou sinon une puissance pouvant égaler celle d’une armée entière.  L’une ou l’autre des hypothèses importait peu, car tous deux menaient à la même conclusion affligeante : il était en vie et avait réussi à se faufiler sur le bateau.

Fortement insatisfait que l’on s’invite de la sorte sur sa « piaule », ce n’est pas par la discussion qu’il eut le réflexe de le démontrer, mais plutôt par la force brute.  Après avoir préalablement dévoré la distance qui séparait les deux acteurs sur le pont, sa dextre empoigna le col de l’indésirable visiteur, tandis que son visage ne laissait transparaitre qu’une sourde colère.  À peine il sentit le tissu se froisser entre ses doigts qu’il le guida jusqu’à la rambarde la plus proche, dans l’intention claire de le jeter par-dessus bord.  Mais dès que les deux hommes furent rendus, le déplacement brusque fit chuter la boisson qui attendait sagement sur la rampe.  La dernière bouteille d’alcool venait de prendre la mer, et Gabriel n’eut pas le temps de la sauver en vol.  La tête rivée vers l’eau, il y resta quelques secondes, plus qu’irrité par toutes ces péripéties.  D’un ton brusque, l’index pointé en direction du pirate, il parla, non sans cacher un agacement qui frôlait le plafond :

— Qu’est-ce que tu glandes sur mon navire, sale gland ?

 La question était inutile, puisqu’il connaissait les grandes lignes des intentions de ce dénommé Jaqen.  L’énervement lui empêchait clairement de réfléchir.  En plus, un sacré mal de tête s’était soudain emparé de son cerveau, déjà bien fragilisé depuis qu’il avait ingéré toutes ces substances.  Il ne s’agissait en fait que des contrecoups de sa drogue, la rage ayant agi comme de l’huile au feu déjà suffisamment ardant.  Le cœur lui leva pendant une durée fugace.  Inquiet de s’échapper sur le pont, sa tête alla se réfugier au-dessus de la mer, de sorte qu’il puisse dégobiller sans risque de salir quoi que ce soit.  Et quoique rien de tout cela n’arrive, il demeura dans cette posture, pris d’un malaise qui ne s’estomperait pas de sitôt.  Au moins sa défaillance lui valut de se calmer un peu.  Il tira une fois encore sur sa cigarette malgré les signaux de son cœur affaibli, et, la tête penchée entre ses bras, rivée vers les vagues, il s’adressa de manière plus posée à son invité-surprise :

Tu ferais de moi Seigneur des Pirates, hein ?  Tsss...

Il avait du mal à y porter foi.  Ce n’était là que des promesses qu’il ne saurait tenir, à moins qu’il connaisse l’emplacement de ce trésor mythique que peu de personnes en ce monde avaient pu tenir dans leurs mains.  Gabriel avait beau aspiré à un pareil projet, aussi loufoque pouvait-il être, il n’était pas non plus aveugle au point de croire dur comme fer à ses paroles.  S’il voulait le convaincre, il devait trouver mieux.  Et encore, c’était dans l’optique qu’il pourrait changer d’avis si les négociations prenaient une saveur alléchante… Ce qui n’était pas le cas pour l’instant.  Lentement, son visage couturé reprenait des couleurs.  Il se sentait de mieux en mieux, mais la colère qui l’avait bousculé avait fait place à une sérénité surprenante.  Il savait qu’il devait réfléchir à cette éventualité qu’un jour, il ait bel et bien besoin de quelques âmes pour manœuvrer le bateau et l’aider à réaliser ses rêves.  Même s’il n’aimait pas l’idée de reposer sa confiance sur des étrangers de la même trempe que Jaqen, être cavalier seul faisait bel et bien pâle figure.  

— Je suis Capitaine de mon âme et maitre de mon destin.

Parce que Gabriel avait la verve d’un poète?  Non.  Ces quelques vers n’étaient repris que d’une œuvre qu’il avait lu il y a de cela bien longtemps, et qui était apparue dans son esprit plutôt confus.  N’ayant aucune volonté à lui partager la moindre information qui le concernait, il n’avait rien de mieux à lui dire que cela.  Et qu’il en fasse ce qu’il voulait de cette réponse, il s’en balançait.  Le problème persistait toutefois; Jaqen n’allait pas foutre le camp de son navire, et ne pouvait pas de toute évidence.  Ils étaient donc coincés ensemble, au plus grand malheur de l’un d’eux.  Gabriel se mit sur son séant, le dos appuyé à la rambarde, la clope toujours au bec, puis regarda son hôte, non sans une pointe de lassitude au creux de sa pupille de carmin vif.

— J’vais pas acheter à tes conneries.  Par contre, puisque t’as foutu en l’air mes dernières réserves d’alcool, et que j’suis vraiment pas d’humeur, tu vas m’expliquer qu’est-ce qui t’amène à vouloir me rejoindre.  Non mais parce qu’on s’entend que tu débarques de nulle part et tu me demandes pour faire partie de mon équipage, alors que je connais rien de toi et ça m'a tout l’air réciproque.  C’est louche, si tu veux mon avis.